Mais en ce qui concerne la Justice, je crains d’être pessimiste et de devoir faire le constat que notre système judiciaire, isolé dans les tours d’ivoire que sont les nouveaux palais, est en train de sombrer, qu’il devient une machine à gérer le quantitatif, avec pour but principal de réduire le Rôle, une attention de plus en plus réduite pour l’intérêt du justiciable, des rapports humains dégradés, faits de méfiance quand ce n’est pas de mépris.
Je fais aussi le constat que le débat judiciaire est atteint, comme le reste du monde, par la gangrène du mensonge. Entre le marketing commercial et le « story telling » inventé pour les politiciens, nous vivons une époque moderne dans laquelle la vérité est une valeur démodée. Nous sommes désormais dans le règne des fake news qui emportent impunément la conviction de la majorité, contraignant la presse à imaginer des solutions de fact checking et le législateur à légiférer.
Cela ne concerne pas la justice, me direz-vous !? Et pourtant : « Il est acquis en France » selon un récent rapport[[1]] « que les avocats français tendent à jouer avec les limites de la vérité et entretiennent avec elle un rapport malicieux. Cela ne pousse pas les magistrats à prêter une grande attention à leurs affirmations, elles-mêmes perçues comme ne prêtant pas une assez grande attention à la vérité. Les magistrats ont comme intégré que les écritures produites n’étaient que des allégations et ils accordent finalement plus de crédit aux sources qui n’émanent pas d’une partie ».
Choquante, cette affirmation ? Qu’on se souvienne que les juridictions ne veulent plus, depuis déjà plusieurs années, de dossier de plaidoirie, et se réfèrent aux pièces « brutes ». Qu’elles ne veulent plus ou presque nous entendre plaider. Sur les trois moyens classiques de la conviction judiciaire - conclusions, dossier de plaidoirie, plaidoirie – il ne reste donc que les conclusions. Mais le juge les-lit-il vraiment ? C’est loin d’être certain, notamment si on se réfère au rapport précité.
Pour le praticien que je suis, acteur passionné du débat judiciaire, cette situation est un défi qui nécessite d’innover sans cesse pour parvenir à gagner malgré un environnement toujours plus aléatoire.
Aussi, permettez-moi d’exprimer des vœux complètement fous pour la Justice.
Je forme le vœu que les relations entre Juges et Avocats deviennent paisibles, confiantes et harmonieuses, que la confiance retrouvée permette la renaissance de l’oralité, et que la bienveillance préside à tous les rapports.
Je forme le vœu qu’un travail loyal et droit, une instruction exigeante du dossier, une application rigoureuse de la règle, permettent d’obtenir des décisions courageuses, honnêtes et justes.
Je forme le vœu que l’aléa judiciaire reste soluble dans la rigueur technique, le travail patient de la preuve, l’objectivation du dossier.
Je forme des vœux pour la restauration du rapport à la vérité dans le combat judiciaire, pour que la fin cesse de justifier les moyens, pour le retour du bon sens.
Je forme le vœu que la Justice cesse de fabriquer, au quotidien, de l’injustice.
A tous les acteurs du monde judiciaire, je souhaite également une merveilleuse année 2019.
Je fais aussi le constat que le débat judiciaire est atteint, comme le reste du monde, par la gangrène du mensonge. Entre le marketing commercial et le « story telling » inventé pour les politiciens, nous vivons une époque moderne dans laquelle la vérité est une valeur démodée. Nous sommes désormais dans le règne des fake news qui emportent impunément la conviction de la majorité, contraignant la presse à imaginer des solutions de fact checking et le législateur à légiférer.
Cela ne concerne pas la justice, me direz-vous !? Et pourtant : « Il est acquis en France » selon un récent rapport[[1]] « que les avocats français tendent à jouer avec les limites de la vérité et entretiennent avec elle un rapport malicieux. Cela ne pousse pas les magistrats à prêter une grande attention à leurs affirmations, elles-mêmes perçues comme ne prêtant pas une assez grande attention à la vérité. Les magistrats ont comme intégré que les écritures produites n’étaient que des allégations et ils accordent finalement plus de crédit aux sources qui n’émanent pas d’une partie ».
Choquante, cette affirmation ? Qu’on se souvienne que les juridictions ne veulent plus, depuis déjà plusieurs années, de dossier de plaidoirie, et se réfèrent aux pièces « brutes ». Qu’elles ne veulent plus ou presque nous entendre plaider. Sur les trois moyens classiques de la conviction judiciaire - conclusions, dossier de plaidoirie, plaidoirie – il ne reste donc que les conclusions. Mais le juge les-lit-il vraiment ? C’est loin d’être certain, notamment si on se réfère au rapport précité.
Pour le praticien que je suis, acteur passionné du débat judiciaire, cette situation est un défi qui nécessite d’innover sans cesse pour parvenir à gagner malgré un environnement toujours plus aléatoire.
Aussi, permettez-moi d’exprimer des vœux complètement fous pour la Justice.
Je forme le vœu que les relations entre Juges et Avocats deviennent paisibles, confiantes et harmonieuses, que la confiance retrouvée permette la renaissance de l’oralité, et que la bienveillance préside à tous les rapports.
Je forme le vœu qu’un travail loyal et droit, une instruction exigeante du dossier, une application rigoureuse de la règle, permettent d’obtenir des décisions courageuses, honnêtes et justes.
Je forme le vœu que l’aléa judiciaire reste soluble dans la rigueur technique, le travail patient de la preuve, l’objectivation du dossier.
Je forme des vœux pour la restauration du rapport à la vérité dans le combat judiciaire, pour que la fin cesse de justifier les moyens, pour le retour du bon sens.
Je forme le vœu que la Justice cesse de fabriquer, au quotidien, de l’injustice.
A tous les acteurs du monde judiciaire, je souhaite également une merveilleuse année 2019.
[[1]]« Les quatre défis de l’avocat français du XXIe siècle » rapport rédigé en partenariat par le Centre de recherche et d’études des avocats (CREA) et l’Institut des Hautes études pour la justice (IHEJ) https://www.cnb.avocat.fr/fr/actualites/les-quatre-defis-de-lavocat-francais-du-xxie-siecle-publication-dun-rapport